©Lawrence Fafard

H.B: Qui êtes-vous / comment vous définissez-vous ?

M.F: Je suis une compositrice et artiste sonore franco-canadienne, évoluant entre la musique acousmatique spatialisée et l’installation sonore immersive. Mon travail explore la capacité du son et de la musique à sensibiliser à certaines questions politiques ou sociétales, avec le désire de créer une connexion profonde entre l’environnement extérieur et notre monde intérieur.

H.B: Comment est né ce projet / quelle piste avez-vous suivi(e) pour la création de celui-ci ?

M.F: La pièce Le chant de la machine est née d’un combat entre mon ordinateur et moi et d’une exploration des limites de la technologie. Tout a commencé avec un enregistrement de quelques secondes de silence numérique (j’ai simplement appuyé sur « Record » sans qu’aucune entrée ne soit connectée, puis je suis partie regarder par la fenêtre). En exploitant ensuite les outils audionumériques de manière extrême, en poussant les échantillonneurs et les plugiciels à leurs limites, et en les détournant de leur usage habituel, quelques sons se sont finalement échappés, comme une voix provenant des profondeurs de la machine.

H.B: Que représente pour vous la création d’une pièce acousmatique aujourd’hui ?

M.F: La création acousmatique représente un moment suspendu hors d’une temporalité imposée par la société moderne, et cela que ce soit du point de vue de la production que du point de vue de l’écoute. Composer de l’acousmatique, c’est prendre le temps, c’est explorer, c’est se perdre et c’est proposer exactement la même chose aux courageuses personnes qui s’aventureront à l’écoute. C’est aussi une expérience nihiliste, anticapitaliste, un peu inconsciente, mais terriblement passionnante.

H.B: Quels sont vos prochains projets ?

M.F: Mon projet principal est de continuer mon doctorat, qui se penche sur les manifestations de l’espace sous toutes ses formes dans la musique acousmatique et expérimentale. Je compose donc beaucoup de musique et lit beaucoup sur le sujet, ce qui s’avère passionnant, bien que je me sente parfois complètement perdue!